jeudi 1 septembre 2011

243. The Beatles : "Revolution", 1968.




***

You say you want a revolution
Tu dis que tu veux une révolution
Well, you know
Bon, tu sais
We all want to change the world
Nous voulons tous changer le monde
You tell me that it's evolution
Tu me dis que cela relève de l'évolution
Well, you know
Bon, tu sais
We all want to change the world
Nous voulons tous changer le monde
But when you talk about destruction
Mais quand tu parles de destruction
Don't you know that you can count me out
Tu sais qu'il est inutile de compter sur moi
Don't you know it's gonna be all right
Ne sais tu pas que tout ira bien
all right, all right
bien, bien


You say you got a real solution
Tu dis que tu as une vraie solution
Well, you know
Bon, tu sais
We'd all love to see the plan
Nous aimerions tous en voir le plan
You ask me for a contribution
Tu me demandes une contribution
Well, you know
Bon, tu sais
We're doing what we can
Nous faisons ce que nous pouvons
But when you want money
Mais quand tu veux de l'argent
for people with minds that hates
Pour des gens animés par la haine
All I can tell is brother you have to wait
Tout ce que je peux dire c'est que tu vas devoir attendre mon frère
Don't you know it's gonna be all right
Ne sais tu pas que tout ira bien
all right, all right
bien, bien


Ah
ah, ah, ah, ah, ah...
You say you'll change the constitution
Tu dis que tu changeras la constitution
Well, you know
Bon, tu sais
We all want to change your head
Nous voulons tous changer ta tête
You tell me it's the institution
Tu me dis que c'est l'institution
Well, you know
Bon tu sais
You better free you mind instead
Tu ferais mieux de libérer ton esprit
But if you go carrying pictures of chairman Mao
Mais si tu arbores des photos du président Mao
You ain't going to make it with anyone anyhow
Tu ne pourras pas le faire avec n'importe qui et n'importe comment
Don't you know it's gonna be all right
Ne sais tu pas que tout ira bien
all right, all right
Bien, bien
all right, all right, all right


***

Ce serait bien surprenant qu'une chanson intitulée "Revolution" et sortie en 68 ne soit pas pain béni pour qui veut étudier l'histoire au prisme de la musique (ou est-ce l'inverse ?). Dissocier le mot de la date relève du défi et pourtant, ce titre des Beatles n'est pas tout à fait un appel à la révolution. Il s'inscrit néanmoins  dans une temporalité marquée par d'importants mouvements contestataires, certains profondément animés d'idées révolutionnaires.


Ce flot de protestations qui s'écoule tout le long de l'année 68, des Etats-Unis à l'Europe de l'ouest mais aussi à celle de l'est, toutes deux inféodées alors à leurs blocs respectifs, mobilise une jeunesse essentiellement étudiante qui invite dans ses rangs les icônes du Tiers Monde et de la Révolution communiste : parmi elles se distinguent Hô Chi Minh,  Che Guevara ou Mao Zedong. Ainsi, les mobilisations prennent une échelle planétaire, le "Tiers-Monde" s'y ajoutant non seulement par procuration, mais également comme ancienne victime devenue modèle de la lutte anti-coloniale et anti-impérialiste.

Si la "jeunesse" fut, et est restée, le vecteur de la contestation par excellence dans la mémoire des évènements de 68, elle ne peut rendre compte, à elle seule de la grande diversité  des acteurs aux origines et aux rôles très disparates dans l'espace public qui se sont investis dans les différentes luttes;  il faudrait parler, par exemple,  des intellectuels européens (la New Left Anglaise ou son équivalent américain), mais aussi des ouvriers qui portent des aspirations différentes de celles des étudiants descendus dans les  rues de Paris  en mai 68, mais qui ne sont pas pour autant des intervenants de second rang. Ce sont eux, en rejoignant les étudiants dans la rue le 13 qui donnent une couleur et une assise différente au mai français. Outre-Atlantique, la place prise par les Noirs américains, qui prolongent au cours de cette année charnière, une lutte de longue haleine pour la reconnaissance de leurs droits,  prend une nouvelle tonalité avec leur enrôlement grandissant dans la guerre du Vietnam et la disparition de leur leader, Martin Luther King, au mois d'avril de cette année.

Par ailleurs, rien n'est simple en 1968. L'histoire ne se déroule pas tel un tapis rouge, suivant une trajectoire linéaire et lisse. Toute contestation, toute révolution portant en elle son contraire (conservatisme, contre-révolution, répression), ce temps court d'une année est celui du va et vient et du basculement incessant des tentatives de bouleversement au retour à l'ordre conservateur. La gestion des luttes étudiantes sur les campus de Chicago et autour de la convention démocrate par le maire de la ville, R. Daley, durant le premier semestre de l'année en est une illustration, autant que l'intervention des chars soviétiques à Prague ou la grande manifestation du 30 mai 68 en faveur de De Gaulle dans Paris le furent un peu plus tôt.



I. "We all want to change the world": 68, un moment de péril pour l'équilibre international.


*Le soleil se lève à l'est :


Dans ce monde où l'on distingue clairement les stigmates de l’affrontement est-ouest, le bloc communiste n'est pas à l'abri des soubressauts réformateurs ou contestataires et il se fissure, à répétition. Après Berlin-Est et la Hongrie (1), au cours de la décennie précédente, en 1968, c’est au tour de la Tchécoslovaquie de remettre en cause la tutelle du « grand frère» soviétique. Un vent de réforme souffle sur le pays depuis ce mois de janvier  qui voit l’accession à la tête du parti communiste Tchèque d’Alexandre Dubček. Celui-ci veut transformer le socialisme pour lui donner « un visage humain » : plus de liberté pour la presse (la censure est quasiment levée) , d’expression (libération des écrivains emprisonnés) , ou de circulation (autorisation de l’émigration)  sont à l’ordre du jour du programme gouvernemental. Le multipartisme s’y ajoute ainsi qu’un assouplissement de la planification économique impliquant une échelle de salaires ou encore le développement des exportations. Les aspects jugés les plus rigides de la doctrine du PCF doivent être dépoussiérés voire modifiés en vue d’un prochain congrès du PCT (Parti Communiste Tchècoslovaque) programmé par Dubček pour début novembre. Pour autant, l’adhésion de la Tchécoslovaquie au Pacte de Varsovie (2)  n’est pas remise en cause par les réformateurs et celle au COMECON (3) est réaffirmée lors d’une rencontre avec les dirigeants soviétiques dont Brejnev en août 68.

Entrée des chars soviétiques dans Prague le 21/08/68.
[J. Koudelka]
Malheureusement, les réformes, populaires parmi la population tchècoslovaque  et plus encore chez les jeunes, inquiétent Moscou qui ne peut se satisfaire des quelques gages d’allégeance donnés par Dubček, et qui craint, plus encore, une contagion aux autres démocraties populaires. Alors, à quelques jours de l'embrasement des campus de Chicago le 21 août 1968, les chars du Pacte de Varsovie jusqu’alors stationnés à la frontière, franchissent le Rubicon et entrent dans la capitale Tchècoslovaque. Dubček demande à son peuple de ne pas résister à cette manœuvre militaire qui ne provoqua guère plus que des protestations et condamnations assez formelles, tout braqué qu’est alors le regard du bloc occidental sur ce qui se passe en France, en Europe de l’ouest, au Vietnam et aux Etats-Unis.




La  remise en ordre du pays conformément aux principes soviétiques et brejnéviens se fera progressivement, entrainant son lot d’arrestations, d’émigrations, de martyrs (dont le plus célèbre fut Jan Palach, étudiant qui s’immola par le feu en janvier 1969 pour protester contre l’oppression soviétique). Les espoirs portés par le « Printemps de Prague » se sont éteints avant la fin de l’année 68, même si l’on porte aujourd’hui un regard moins pessimiste sur leur portée historique, le coup de balancier sembla, à ce moment là, bien rude.


*A l'ouest, il y a du nouveau :

68 est une année noire pour les Etats-Unis, et ce, sur tous les fronts. 

Celui de la guerre du Vietnam, en premier lieu,  puisqu'avant la fin du premier mois de l'année, le 31 janvier 68, le Front de Libération National du Sud Vietnam (ou Viêt-Cong) déclenche une brusque et vaste attaque contre le sud Vietnam, que soutiennent les Etats-Unis : c'est l'offensive dite du Têt. Engagés dans le conflit Vietnamien depuis le début des années 60 et ouvertement depuis 1963, les américains ne subissent pas là une défaite militaire, mais c'est néanmoins un tournant. En effet, les objectifs visés et conquis par la guérilla communiste sud vietnamienne (Saïgon et son aéroport, ou son palais présidentiel, l'ambassade des Etats-Unis, la cité de Hué) sont très vite repris, mais les combats qui s'y déroulent sont extrêmement violents et meurtriers. Relayés par la presse, ils entrent dans les foyers américains via les images-chocs des grands news magazines. Il en va ainsi de la photo d’Eddie Adams (voir ci-dessous) prise en plein Saïgon, qui amène la violence de la guerre au coeur des foyers américains.

Le général Nguyen Loan, chef de la police sud vietnamienne
exécute à bout portant un capitaine du FLN du sud Vietnam, 
en plein Saïgon, juste après l'offensive du Tet, sous l'objectif
du journaliste Eddie Adams de l'Associated Press. 

La guerre, désormais médiatisée, devient de plus en plus effrayante et familière pour de nombreux foyers américains. Des jeunes, en nombre croissant, sont appelés à servir en Asie, alors que les campus étudiants (de la Californie à l’Illinois) se mobilisent contre la guerre et la conscription. Les sursis, pour cause de poursuites d'études deviennent plus durs à obtenir, même s'ils préservent, de fait, un nombre important d'étudiants du départ, contrairement à ce qui se passe pour les couches plus populaires. On brûle des livrets militaires en signe de contestation sur les campus californiens (4). L'opposition à la guerre nourrit la contestation politique et rencontre les mouvements de la contre-culture en un mélange détonnant (5) : sit-in, occupation des locaux universitaires, contestation de l'autorité hiérarchique, folk, rock, liberté sexuelle, LSD et marijuana trouvent là un point de convergence. Mais attention, il ne s'agit pas de réduire ce qui se passe sur les campus à un imagier folklorique, car même si le mouvement ne dure qu'un temps, si la réaction ou la récupération ne sont jamais loin, des basculements de fond se sont amorcés à cette occasion en particulier dans la structuration des luttes, leur convergence, voire leur radicalisation et ce pas seulement sur les campus d'Outre-Atlantique.


II."You say you want a revolution": 68, les révolutions étudiantes.

* Les étudiants américains mobilisés sur tous les fronts.

Dans ce « moment 68 » (6) , il faut faire une place particulière aux Etats-Unis sur le front intérieur, cette fois. En effet, l'année est un tourbillon sanglant pour la nation américaine, qui sans avoir eu le temps d'oublier l'attentat qui provoqua la mort de JFK, le 22 novembre 63 à Dallas, replonge en avril 1968 dans le cauchemar de l'assassinat politique. C'est le leader du mouvement pour les droits civiques, le pasteur Martin Luther King qui perd la vie, le 4 du mois, à Memphis, sur le balcon de  la chambre 306 de l'hotel Lorraine où il loge, victime du tir de James Earl Ray. Dès le lendemain de la mort du pasteur des émeutes éclatent dans plus de 150 villes et se prolongent une partie de l'été. C'est alors que survient le second assassinat politique de l'année celui de Robert Kennedy, le 5 juin  à Los Angeles, Californie. Le jeune frère de John s'était déclaré candidat à l'investiture du parti démocrate le 16 mars 1968 et joue en Californie un match décisif pour devenir le candidat investi lors de la convention du parti qui doit se dérouler en août à Chicago. Il le remporte de peu face à Mac Carthy mais c'est juste au moment  la proclamation des résultats qu'il est abattu de 8 balles par un jeune palestinien de nationalité jordanienne âgé de 24 ans, Sirhan B. Sirhan. 


Plaque commémorant l'assassinat de 
MLK à l'Hotel Lorraine, Memphis.
Le serveur Juan Romero soutenant la 
tête de Robert Kennedy frappé à mort
en mars 1968.

La convention du parti démocrate est maintenue en dépit de ce tragique évènement car la course à la Présidence ne tolère pas de délais. Plusieurs éléments contribuent à rendre la situation sur place, à Chicago, totalement explosive. Les universités de la ville sont un des fers de lance de la contestation anti-guerre du Vietnam. Les sites universitaires sont depuis 1965 les lieux privilégiés de différentes formes de mobilisations : on retiendra, à titre d'illustration, en 66 le mouvement Students Against the Rank au cours duquel les étudiants occupent les locaux administratifs de l'université de Chicago. Ils marquent ainsi leur refus de voir la direction soumettre leurs résultats à l'usage du Selective Service System lié à l'armée des Etats-Unis afin d'incorporer pour la guerre du Vietnam les moins bons d'entre eux. L'année suivante, à l'automne 67, les étudiants du CADRE (7) concentrent leur action sur le renvoi de leurs livret militaire et manifestent devant le centre d'incorporation de la ville. 

L'Université est aussi un lieu d'activisme pour les étudiants Noirs qui réclament et obtiennent l'ouverture des Black Studies et souhaitent promouvoir des activités communautaires au sein des universités. Avec l'assassinat de M.L.K. en avril, Chicago et son ghetto afro-américain du West Side, plongent,  comme bien d'autres villes du pays, dans les émeutes. Les problématiques sociales et raciales qui préoccupent les jeunes afro-américains de Chicago et qui s'alignent de plus en plus sur l'idéologie du Black Power pénètrent désormais l'enceinte universitaire jusqu'alors surtout traversée par les préoccupations d'une population essentiellement "blanche". A ceci s'ajoute l'annonce de la venue des Yippies (8) , mouvement lié à la contre-culture, pour la tenue de la convention et le raidissement tout à fait conséquent des pratiques policières à la demande du maire R. Daley dans le sens d'une plus grande sévérité. En alliant espionnage des activistes politiques étudiants par sa Red Squad (9), à des mesures de couvre-feu qui s'accompagnent d'un renforcement des effectifs de maintien de l'ordre en ville (12000 municipaux + 6000 gardes nationaux, + 7500 soldats) et d'un refus d'autorisation systématique pour la tenue du moindre rassemblement, le maire souffle sur des braises qui sont déjà bien chaudes.


Le maire de Chicago, R. Daley, à la
DNC, 1968.
Affiche pour la convention démocrate
de Chicago en 1968. 


















Alors que les premiers participants à la Convention arrivent en ville, la tension est palpable et même si tous les protestataires n’accordent pas leurs violons, certains optant pour la méditation en la présence de Grinsberg (10), d'autres pour la farce (élection du candidat Pigasus par les yippies (11)), ou le meeting politique, tels les Black Panthers sur Lincoln Park. La Convention s'ouvre finalement le 26 août et c'est le 28  que la situation dégénère réellement alors que  15 000 manifestants se retrouvent cernés par la quasi totalité des effectifs de maintien de l'ordre précédemment cités dans Grant Park. L'étincelle qui embrase le site  prend place en haut d'un mat du haut duquel un jeune homme tente de décrocher la bannière étoilée provoquant le déchaînement immédiat des forces armées présentes qui chargent sur manifestants et anonymes indifféremment.


La presse immortalise aussi bien l'avant que l'après en des clichés qui se passent de commentaires. Bilan : 600 arrestations, 1000 blessés, un mort dans une ville aux allures de camp retranché, puis de champ de bataille jusque dans ses lieux les plus luxueux, comme l'hotel Hilton investi par les forces de l'ordre poursuivant les manifestants jusqu'à leur faire traverser les vitres. A propos du comportement des autorités et par extension de la police Grinsberg aura ce mot The conduct of the authorities here resembles the conduct of the Russians toward Czechoslovakia.” (12)
John Evans de NBC News, blessé par 
la police, interview une autre victime, 
Lincoln Park, 27/08/68.
[Associated Press archives]

Un officier de police asperge des manifestants
 pour leur faire évacuer le hall de l'Hotel Conrad 
Hilton, 28/08/68.[Associated Press Archive]


* Le mai des étudiants parisiens.


Depuis février 1968, les universités françaises sont, elles aussi, sujettes à l'agitation étudiante. La crise est profonde et atteste des évolutions gigantesques qui affectent l'enseignement supérieur autant que la société. Ces changements se sont d'abord ceux de la croissance du nombre d'étudiants présents dans les universités : ils  étaient 240 000 en 1961 et sont 600 000 en 1968. Les universités parisiennes ne suffisent plus à accueillir ces effectifs pléthoriques, le campus de Nanterre est livré en 1964 et de nouvelles structures ouvrent en province pour désengorger celles qui sont saturées.

Milieu plutôt politisé, le monde des étudiant échappe, en ces années, à son principal syndicat, l'UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) dont le nombre d’adhérents ne cesse de baisser. Beaucoup de jeunes qui s'assoient sur les bancs de l'université française intègrent des groupuscules de gauche et d'extrême gauche qui prolifèrent sur le terrain perdu par le principal syndicat étudiant.

Le mouvement part d'une apparente broutille. Le bâtiment des filles de la cité universitaire de Nanterre  est occupé par les garçons. L'idée est de faire sauter le verrou obsolète de la non-mixité. Plusieurs cités universitaires sont donc occupées dans la foulée. En France, les jeunes se préoccupent en ces années d'obtenir une plus grande liberté sexuelle et d'avoir accès à la contraception (la loi Neuwirth légalisant l'accès à la contraception légale sans qu'elle soit remboursée date de décembre 1967 et ne sera appliquée qu'à partir de 1972!), en plus de leur représentativité au sein des universités et de leur activisme politique.


Nanterre. Campus universitaire. 22 mars 1968. 
Occupation de la salle du conseil de la fac de lettres
 dans le batiment administratif, action qui 
donnera naissance au "Mouvement du 22 Mars"
Puis, le 22 mars 1968, la tour administrative de Nanterre est occupée par des étudiants pour protester contre l'arrestation de certains d'entre eux lors d'une manifestation anti-guerre du Vietnam deux jours plus tôt. Des groupes étudiants venus d'autres facs ou grandes écoles parisiennes se retrouvent à Nanterre, puis à la Sorbonne. L'agitation n'étant pas du goût des autorités, 8 d'entre eux sont traduits en conseil de discipline. Hors de la Sorbonne, en ce 6 mai 1968, étudiants et lycéens, s'emparent du quartier latin d'où la police tente de les déloger. Le lendemain la contestation gagne la province. La 1ère barricade est dressée le 10 mai 1968 vers 21h, c'est une nuit d'affrontements entre jeunes et police qui s'annonce.


Le quartier latin au lendemain de la 1er nuit des barricades.


On le voit, même si de part et d'autre de l'Atlantique, chaque mobilisation présente sa spécificité, il existe des analogies entre le mouvement des campus américains et celui des étudiants parisiens (formes de luttes, mots d'ordre, acteurs mobilisés, icônes convoquées). Les contestations se nourrissent les unes les autres : contestation sociale, activisme politique, mouvement anti-impérialiste sont les piliers de cette vague contestataire.  Elle prendra une autre allure à partir du 13 mai 68, lorsque les ouvriers rejoindront les étudiants dans les manifestations, et s'engageront dans un mouvement de grève qui paralysera le pays jusqu'à la signature des accords de Grenelle du 26 mai. Si la reprise en main par le pouvoir Gaulliste arrive le 30 avec la dissolution de l'assemblée Nationale et la grande manifestation de soutien au Général, les manifestants de 68 ont semé les graines de transformations profondes sociales, politiques, économiques, scolaires, artistiques, de la France des Trente Glorieuses. 

Manifestation de soutien à De Gaulle le
30 mai 68. [JP Rey]

III. "Don't you know that you can count me out" or "in", 1968, le pas de côté de Lennon.

Dans ce contexte, "Revolution" aurait pu être la bande son de l'année 68. Mais visiblement Lennon a des choses à dire, et des objections à formuler qui vont pimenter le débat, accessoirement  renforcer les lignes de fracture à l'intérieur du groupe le plus populaire du monde et lui valoir pour un temps l'hostilité des activistes.

"Revolution" est une chanson vraiment à part dans la discographie des Beatles autant en raison de ses multiples versions, que du contexte dans lequel elle est enregistrée ou des interprétations politiques contemporaines et postérieures dont elle est l'objet. Pourtant, avec ce titre qui cadre si parfaitement avec le contexte historique de l'année qui vit tout à la fois son écriture, son enregistrement et sa publication, on ne voit pas, a priori, où le bât blesse. 

"Revolution" suit un processus créatif chaotique, qui s'explique par des moments de très grande tensions dans le groupe au cours de l'enregistrement d'un album qui symbolise le début de la fin pour le quatuor le plus célèbre de l'histoire de la pop musique. De sa genèse à sa dernière version, ré-enregistrée sur un ryhtme plus rapide et plus rock pour être placé en face B du single "Hey Jude", c'est un morceau qui a suivi une trajectoire ressemblant à tout, sauf à un long fleuve tranquille. 


Le timing de l'enregistrement renforce, a priori, les possibilités d'adéquation avec le contexte politique et social de 68. Il débute, en effet, le 30 mai de cette année dans le studio  d'Abbey Road 2 (13) alors que Paris vient d'être secoué par un séisme contestataire d'un mois et que se déroule la grande manifestation de soutien à de Gaulle qui conduira à la dissolution de l'Assemblée et à un retour en force des partisans du général. 


La chanson est retravaillée à la fin du mois de juillet 68 toujours aux studios d'Abbey Road pour des raisons que nous expliquerons plus tard. Cette deuxième version sort aux Etats-Unis en face B de "Hey Jude" (un titre plus intimiste écrit pour Julian Lennon par McCartney), le 26 août 68 alors que les tensions autour de la Convention démocrate, à Chicago sont très vives. Elle est en vente le 30 août en Grande-Bretagne sous le même format. 


* 68 en Angleterre.

L'Angleterre n'est  pas épargnée par les problématiques étudiantes de l'année 68. En effet, plusieurs campus ont été affectés par des troubles. Le plus agité est étrangement celui de la prestigieuse London School of Economics, située en plein coeur de Londres. Elle n'est pas, loin s'en faut,  un repaire de hippies, et fait sortir de ses rangs une partie de la future élite de la nation. Pourtant elle est fréquentée par un nombre important d'étudiants issus de milieux modestes,  une part importante d'entre eux est originaire des anciennes colonies britanniques (ce qui explique qu'elle verse dans l'anticolonialisme et l'anti-impérialisme américain) et est plutôt marquée à gauche. Les Arts Schools et l'anti-university (14) sont également des pôles contestataires. Quelques occupations ont lieu à Birmingham et Leicester début 68 pour réclamer une meilleure représentation des étudiants dans les instances de direction. Le prestigieux tandem d'Oxbridge n'est pas épargné. A Cambridge, c'est d'abord le secrétaire à la défense Healy qui est chahuté  par les étudiants en mars. A Oxford, le mouvement  dont une des figures de proue est Tariq Ali (15), finit par occuper le batiment des Proctors (16) pour protester contre la guerre du Vietnam. 




Le mouvement ne prend pas pour autant car la structure et l'organisation atomisée des universités anglaises freinent l'émergence d'une mobilisation nationale (ancienneté et prestige des campus, modes de recrutement, financement différenciés sont sources de fragmentation). Les revendications qui  fédèrent le plus  les étudiants concernent leur rôle dans l'université (Student Power). Rien à voir donc avec l'embrasement français (pas de convergence avec des représentants du monde du travail, par exemple) ou celui des Etats-Unis, en terme d'ampleur donc. La question Vietnanmienne agite ponctuellement universités et jeunesse. Une première manifestation contre la guerre du Vietnam réunit 25000 personnes en mars 68, à Grosvenor Square, devant l'ambassade des Etats-Unis. Une récidive a lieu avec davantage de succès en octobre au même endroit, avec ce coup ci 100 000 personnes, le nombre d'étudiants présents étant difficile à déterminer. 



Manifestation anti guerre du Vietnam à Grosvenor Square,
17 mars 68. [photo AP]


Enfin, la mouvance politique la plus porteuse d'idées contestataires Outre-Manche, la New Left, nébuleuse de mouvements de gauche et d'extrême gauche, dont la revue attire pourtant des intellectuels aussi importants que l'historien EP Thompson (17) ne constitue pas une réelle alternative politique, semble relativement incompatible avec la culture pop, qu'elle taxe d'apolitisme tout en comprenant bien qu'il y a parmi ses adeptes un vivier qui pourrait venir gonfler ses troupes. Outre- Manche, pour des raisons diverses, la convergence des luttes, des mots d'ordre reste au stade de l'incantation et forme une succession de rendez vous ratés. Le "Revolution" des Beatles suit la même trajectoire : la jeunesse pétrie de culture pop, la New Left, John Lennon et les icônes de la musique pop-rock britannique n'arrivent pas à se rencontrer.


* 68 chez les Beatles.



Pour les Beatles, ces années 60 finissantes sont à l'image du contexte international, très troublées. En 1967, les Fab Four de Liverpool perdent brutalement, d'une overdose de médicaments, le 5° membre du groupe, Brian Epstein. A la fin de l'année, ils partent en Inde, Lennon écrit le texte de "Revolution" au cours de cette escapade. Le séjour, pourtant placé sous les auspices de la spiritualité, est loin d'être harmonieux. Lennon après avoir consommé beaucoup de LSD, s'adonne à la consommation d'héroïne. Son mariage avec Cynthia, sa femme, dont il a eu un fils,Julian,  bat de l'aile. Il a déjà rencontré Yoko Ono, artiste New Yorkaise en vue qui séjourne à Londres et se fait remarquer en fréquentant l'anti-university. La fin du séjour en Inde est tendue, les 4 membres du groupe rentrent séparément en Angleterre, l'ambiance est pesante, les accusations portées contre leur gourou indien qui aurait tenté de profiter de quelques jeunes adeptes ajoutent un parfum de scandale à une situation déjà bien délétère.


En Inde, 1967-68.
Pourtant, tout le monde entre en studio au début de l'année 68. A Abbey Road, malgré quelques moments magiques, les sessions d'enregistrement qui doivent déboucher sur un nouveau disque, ne mobilisent pas le groupe. D'aucuns diront d'ailleurs que ce nouvel album est le premier album solo des Beatles. Lennon est très souvent défoncé, les disputes sont fréquentes, Ringo Starr manque de quitter définitivement le  navire  après une violente altercation avec Paul McCartney (à propos du titre "Back in USSR") l'arrivée de Yoko Ono au beau milieu de ce panier de crabes achève de saper l'ambiance. Perçue comme une intruse, elle s'installe à demeure dans le studio et  elle se permet, en outre, des remarques sévères  sur les morceaux en cours de réalisation ; les commentaires en aparté vont bon train mais visiblement, elle a un charisme suffisamment fort pour pouvoir les empêcher d'arriver jusqu'à elle de façon frontale.


Les 4 Beatles dans les studios d'Abbey Road,
date indéterminée.
De ces sessions tumultueuses, il sortira un disque unique, le premier double LP de l'histoire de l'industrie du disque britannique, sobrement intitulé "The Beatles", dont l'artwork est d'un blanc immaculé tant et si bien que le disque passera à la postérité sous le nom simple de "White Album". Sortie en octobre  68, il est précédé en août de la même année du 45 tours "Hey Jude/Revolution".




Le 45 tours pressage Apple, maison d'édition
des fab4 depuis 68. C'est le 1er 45 tour des
Beatles sorti sur leur propre label.

Le 45 tours sorti fin août 68. EMI distribue
les oeuvres des Beatles.






















En fait, sur le "double blanc" comme on l'appelle également, deux morceaux sont intitulés "Revolution". L'un  fut le tout premier titre travaillé en studios (donc "Revolution 1") et l'autre, "Revolution 9" qui est un instrumental. Ce dernier fut l'objet d'une bataille acharnée entre Lennnon et les 3 autres membres du quatuor: c'est un collage de sons issus de "Revolution 1" imaginé par Lennon et Ono, dans lequel les autres ne voient qu'un morceau bien tordu. Comme souvent Lennon impose sa volonté aux forceps et cet ovni sonore figure sur l'album.


Mais  alors pourquoi fut-il nécessaire de faire plusieurs versions de l'autre titre ? L'explication la plus simple s'entend à l'écoute comparée des deux versions. La version du "White album" est bien plus lente, pâteuse presque, c'est la version sous héroïne, si l'on peut dire. Elle est finalement jugée trop "molle" pour figurer sur le 45 tours. Celle du single face B est beaucoup plus tonique dans le rythme et plus rock dans ses sonorités. C'est cette dernière qui sera commercialisée en premier sur le verso d'"Hey Jude".  Mais il n'y a pas que cela le texte de la chanson fait aussi l'objet d'une réécriture, pas vraiment imposante, mais suffisamment chargée de sens pour alimenter de nombreuses discussions, surtout en 68.


Le texte de départ [celui de "Revolution1", version album, donc.] marque l'hésitation de Lennon quant à son positionnement dans le tumulte de l'année 68. Au premier couplet, il dit "count me out/in". La chanson est ré-enregistrée plus rapidement qui figure sur la face B montre un choix alternatif : on n'y entend plus que "count me out". C'est cette version commercialisée en juillet que le public écoute en 1er. Les spécialistes ayant l'habitude de scruter et de gloser sur tout ce que fait Lennon, peuvent s'engager dans d'interminables débats. Par delà la petite phrase, on lit sans ambiguité dans le texte de Lennon qu'il choisit de faire un pas de côté par rapport aux évènements : de Grosvenor Square à Chicago, il ne voit qu'une violence qu'il réfute et n'est pas encore prêt (ce qu'il fera peut être plus aisément en solo) à faire des Beatles, à bout de souffle, les étendards des messages politiques qu'expriment pourtant une partie de leur public.
Les Beatles, déjà épinglés par la New Left Review en début d'année, passent souvent pour de gentils conformistes dont le seul mérite est de briser les barrières de classe face aux méchants Stones qui seraient bien plus sulfureux. A la sortie de "Street fighting man" à l'été 68, force est de reconnaître que l'engagement personnel de Jagger, ancien de la LSE par ailleurs, est à peu près aussi froid que celui de Lennon lorsqu'il conclut son titre par "Well, what can a poor boy do except to sing for a rock n roll band, cause in sleepy london town, there's no place for a street fighting man, No".(18) et déclare peu de temps après "Cela ne m'interesse pas tellement de changer le monde. La 1ère chose est de changer soi-même, d'abord. Moi, je veux faire ça avant de changer le monde." (19)




* "Revolution" à l'épreuve du temps.


Que conclure alors de cette aventure au terme de laquelle les géants de la pop anglaise, Beatles ou Stones,  accouchent de souris alors que le monde tourbillonne et que la jeunesse, consommatrice de la culture pop par excellence, s'engage dans la contestation politique ? 
D'une part que pop-rock et engagement-activisme politiques peuvent, sans s'ignorer, emprunter conjointement des chemins inattendus, complexes et sinueux qui laissent une part de choix aux individus dans des démarches collectives. Le pas de côté de Lennon  relève-t-il vraiment de la trahison ou de la lâcheté ?  Etait-il impératif de par son statut, qu'il hurle avec la meute? Bon nombre des happenings qu'il mettra ensuite en oeuvre ou des titres qu'il écrira en solo confirment, autant une ligne de conduite assez claire (un engagement en faveur de la non violence et de la promotion de la paix), que les tourments d'une personnalité complexe, troublée, qui rendent son oeuvre sans doute plus intéressante. 


D'autre part, quelle qu'ait été la position de Lennon, on voit mieux aujourd'hui comment l'oeuvre s'est détachée de son auteur, comment le temps a partiellement reconstruit l'histoire de cette chanson. La mémoire a retravaillé en mythe le parcours déjà scabreux, de ce titre des Beatles. Passée dans cette moulinette, "Revolution" (tout comme "Street Fighting man") est une chanson associée à l'année 68 amalgamée à l'imaginaire collectif construit à partir de cette date et de ses usages : un exceptionnel moment de contestation, de révolte, de bouleversements dans lequel la jeunesse, pétrie de musique pop-rock, fut un acteur de premier plan. Tant et si bien qu'en 2011, on pourrait faire un choix opposé à celui de Lennon et remplacer le "out" par "in".


Pour laisser les interprétations ouvertes, une petite vidéo datant de septembre 68, au cours de laquelle le groupe joue "Revolution" version 2 à la TV britannique ...écoutez bien ce qui chante Lennon.




Notes :
(1) Le 17/06/1953, les ouvriers du bâtiment de Berlin-est sont à l'origine d'un soulèvement contre le gouvernement communiste qui va peu à peu contaminer d'autres villes de RDA. L'insurrection est implacablement écrasée (80 morts) avec l'aide ds chars soviétiques. Fin octobre 56, soulèvement à Budapest avec manifestations étudiantes, émeutes. La révolte est également écrasée avec l'aide de l'armée rouge en novembre. 
(2) Le pacte de Varsovie est une alliance militaire liant l'URSS aux pays d'Europe de l'est.
(3) Le COMECON est une alliance économique liant l'URSS au pays d'Europe de l'est.
(4) C'est notamment le cas sur le campus de Berkeley, déjà frondeur au moment du Free Speech movement de 64-65.
(5) B. Lemmonier  affirme que "Aux Etats-Unis, il existe à travers le mouvement yippie de Jerry Rubin une telle hybridation hippe/gauchiste, mais en Angleterre les 2 mouvements ne se rejoignent pas  vraiment ou de manière marginale" in  "Les années 68 : évènements, cultures politiques et modes de vie", co-intervention avec R. Frank, 1996.
(6) J'emprunte l'expression à C. Rolland Diamond, "Chicago, le moment 68", Syllepse 2011 et à m. Zancarini-Fournel "Le moment 68 : une histoire contestée" le seuil, 2008.
(7) CADRE : acronyme pour Chicago Area Draft Resisters. Créé en 1967, ce group incite les jeunes à refuser leur incorporation dans l'armée pour partir au Vietnam.
(8) Les Yippies pour Youth International Party sont emmenés par Abbie Hoffman et Jerry Rubin. En marge de la convention, ils proposent la candidature de "Pigasus", un cochon, pour la course à la présidence.
(9) Red Squad est un département spécifique le la police de Chicago (qui existe aussi dans d'autres métropoles) en charge de la surveillance des activistes. 
(10) Allen Grinsberg est un poète américain considéré comme un des membres les plus emblkématiques de la Beat generation avec Jack Kerouac et William Burroughs.
(11) "Pigasus" est un cochon intronisé candidat dans la course à la présidence par les Yippies d'Hoffman et Rubin.
(12) "La gestion des évènements ici ressemble à celle de l'Urss en Tchécoslovaquie"
(13) Les studios d'Abbey Road situés au nord-ouest de Londres près de St john's wood, sont les anciens studios d'EMI dans lesquels les Beatles ont enregistré, expérimenté et révolutionné l'enregistrement de leurs albums, dont celui éponyme sorti en 69. 
(14) L'Anti-University de Londres a pris pour modèle la Free School de New-York : elles attestent de la volonté des partisans de la contre-culture de bénéficier d'une strycture alternative. Elle ouvre fin 67 et réunit la crème de l'underground et des intellectuels londoniens.
(15) Tariq Ali, étudiant d'Oxford s'est fait connaître en animant des mouvements anti-guerre du Vietnam. Membre de la New Left et New Left Review; il reste une des grandes figures intellectuelles de la gauche britannique.
(16) Les Proctors sont les censeurs, ils ont en charge les questions disciplinaires des campus.
(17) E.P Thompson est un historien britannique marxiste dont de nombreux travaux s’intéressent à la classe ouvrière. Son oeuvre majeure est "The making of the english working class", (1980) pour la dernière édition qui reparaît en anglais ces jours-ci.
(18) "Bien, que peutfaire un pauvre garçon, à part chanter dans un groupe de rock, parce que dans Londres assoupie, il n'y a pas de place pour un combattant des rues, non!"
(19) Mick Jagger, interviewé par Patrice Blanc-Francard et Philippe Constantin à l'Hôtel Intercontinental, Paris 1971.


Bibliographie, sitographie.

Sur les Beatles.
Ian Mac Donald "Revolution in the head : the Beatles record and the sixties", 3° édition corrigée, Vintage, 2005. (La Bible sur la discographie des Beatles)
Les Inrocks 2, The Beatles, le groupe du siècle, N° spécial.
Rolling Stones, The Beatles, Hors série collector, avril 2010.
Rock and Folk, Imagine The Beatles 2009, octobre 2009.
Steve Turner, Les Beatles - les secrets de toutes leurs chansons volume 2, années 1967-1970, Hors collection, 2010.
Jacques Colin, The Beatles, Gilles Verlant presse, Hors Collection, 2005.



Sur l'année 68, les mouvements étudiants et l'histoire culturelle :
A. Kaspi, "1968, L'année des Constestations", Versailles, 2008. (Les pages consacrées au mouvement Hippie et à la contre culture sont assez drôles, André Kaspi étant visiblement peu attiré par les acids tests).

C. Rolland Diamond, "Chicago, le moment 68", Syllepse 2011. (ouvrage récent et passionnant)


C. Fauré, "Mai 68, jour et nuit". Découvertes Gallimard, 1998.


G. Dreyfus-Armand, R. Frank, M-F Lévy, et m. Zancarini-Fournel (Dir.), "Les années 68, le temps de la contestation", complexe, 2008.


T. Judt "Après-guerre : Une histoire de l'Europe", Hachette Pluriel, 2009 (en particulier les chapitres XII Le spectre de la Révolution et XIII Fin de partie).


Une co-intervention de R. Frank et B. Lemmonier "Les années 68 : évènements, cultures politiques et modes de vie", 1996.

E. Loyer et J-F Sirinelli (coord.), M. Scot,  "Y a-t-il eu un mai 68 en Angleterre ?" in Histoire@Politique n°6, sept-déc 2008, revue électronique du centre d'histoire de Sciences PO.



1 article en 4 pages consécutives consacré à la convention démocrate de Chicago


Sur l'histgeobox, et Samarra articles connectés : 


Titres musicaux, Bd, livres, ciné : il y a déjà beaucoup d’articles sur nos blogs concernant l'année 68. Consultez notre dossier Samarra en 1968.





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